La sécurité est une approche globale

Il n'y a pas un thème plus large que celui de la sécurité, laquelle est une approche globale, une exigence de vue d'ensemble. En qualité d'acteur central de l'Etat de droit, riche d'une culture universaliste, le Parti Socialiste fait très bien d'en faire l'objet d'une convention nationale en 2024, autrement dit, une priorité. Il s'agit d'actualiser sa doctrine de la sécurité, et en même temps, son référentiel d'analyse des valeurs et de la valeur, dans le cadre d'une stratégie de pleine activité et de plein-emploi. On remarque d'emblée que le comité de pilotage de la convention est particulièrement renforcé.

"Accueillir et intégrer" : la doctrine de la sécurité du pape François est claire et crédible, il n'y a pas de plan B. Ensuite, il faut entrer dans les détails de la législation, de l'action, du contrôle et c'est la raison d'être du Parti Socialiste, ses alliés continentaux et intercontinentaux.

Insécurités culturelle, juridique, familiale, financière, professionnelle, environnementale, alimentaire, sanitaire, logistique, numérique, sociale : la cartographie des risques est aussi complexe que la vie réelle. Le PS doit se préparer à actualiser son programme de réformes législatives : financement des partis politiques et statut des élus, droit de la laïcité, droit de la nationalité, droit familial, droit international, politiques économiques sectorielles, fiscalité, et aussi, métiers de la sécurité.

La finalité de la société tout entière est le maintien de l'ordre, la paix et en règle générale, mieux vaut prévenir que guérir. Tout commence par l'éducation, sans discuter ici la question de savoir si celle-ci relève essentiellement de l'Eglise, de l'Etat, de la Famille, de l'Ecole, des Médias, de l'Entreprise ou d'une autre autorité. Et si les sciences morales, politiques, techniques étaient d'une très haute maturité, il n'y aurait guère besoin de police, gendarmerie, pompiers, armée, justice, c'est-à-dire des métiers de la sécurité.

Mais ce n'est pas la situation concrète, les contextes d'urgences sécuritaires existent. Bien naturellement, les professionnels de ces métiers de la sécurité ont le devoir de prendre du recul et de formuler des propositions législatives de réformes sociétales, en amont, afin de ne pas subir une pression outrancière, en aval, tant la dépolitisation est mortifère. Il faut voir large, opter pour une analyse systémique et non hyperspécialisée, sur la seule police, ou toute autre corporation de la société. En même temps, tous les citoyens doivent mieux connaître les conditions de travail, les règles d'engagement dans les métiers de la sécurité, exercés au quotidien : c'est pourquoi cette convention socialiste fait absolument sens.

Lisons les premiers textes de cadrage de la convention. Ils sont de qualité, avec des rappels sur l'histoire contemporaine, depuis la police de proximité (1997) aux émeutes juvéniles de juin-juillet 2023, en passant par les événements du terrorisme international, l'enfer des stupéfiants, l'éclatement des familles, la dureté de manifestations, les suicides relativement fréquents de policiers. Les enjeux sont élevés. L'utilité des universités d'été du PS à Blois est aussi relevée.

Roger Vicot, député et ancien maire de Lomme (Nord), a rédigé un article introductif, excellemment intitulé "la sécurité au cœur de nos valeurs".

Plusieurs repères y sont posés : 126 000 policiers nationaux, dont 107 000 gardiens de la paix, avec l'arrivée de polices municipales à positionner ; des chiffres de la violence toujours préoccupants, sans très grandes variations ; une déréglementation des services publics qui complique la vie quotidienne. Il est rappelé que la police est un droit, avant d'être une contrainte et qu'elle est appelée à s'imprégner des réalités quotidiennes, avec un accès à une culture universitaire sur les religions, la laïcité, les données internationales notamment. La recherche de la désescalade est difficile, les dérapages sont à éviter.

La conclusion tient en un triptyque, annonçant l'esprit de la convention socialiste : "PREVENTION - SECURITE - JUSTICE".

L'attentat terroriste de Daech à Moscou, le 22 mars 2024, sept ans après la libération d'Alep et la fin du conflit syrien, vient rappeler la continuité des missions de la police nationale, de la gendarmerie et de l'armée, sur le plan national et international, dans un environnement où la politique de la laïcité, l'éducation morale, la culture et la conscience politiques de nos concitoyens et des élus restent très sous-développées. Il faut ajouter que la diplomatie française, malgré des progrès manifestes du Quai d'Orsay dans la compréhension des difficultés et souffrances à Moscou ou Damas en Asie depuis la prise de fonction de Stéphane Séjourné, est encore loin d'intégrer l'ensemble des paramètres caractéristiques de notre société globalisée, où les frontières intercontinentales ne sont même pas spécifiées à ce jour, d'où l'aggravation des risques, sans compter qu'il ne viendrait pas à l'idée de l'ONU d'appeler l'Egypte à ouvrir la porte à Rafah, afin que Gaza ne soit plus une prison à ciel ouvert et donc une fabrique de terroristes.

La mise à niveau des sciences morales et politiques, en France et ailleurs, va être un chantier immense et durable hélas. Le seul fait que 25% des familles françaises soient monoparentales, en mode féminin dans 80% à 90% des cas, après le récital d'erreurs des réformes du droit familial depuis 1967 et des lacunes du droit canon aussi, est une tragédie : 60% des jeunes émeutiers de 2023 en étaient issus. En attendant le sursaut moral et juridique, et l'Eglise en particulier a vocation à contribuer beaucoup plus à la sécurisation de l'éducation préventive, pour toutes les générations, dans "un cadre concordataire à généraliser" (le philosophe Michel Onfray), les métiers opérationnels de la sécurité doivent assurer la transition, c'est une aberration mais c'est une réalité.

Ajoutons, pour compléter le tableau, que la droitisation de la société française tient moins à l'irresponsabilité du programmes nupes qu'à un individualisme effarant, dit "archipélisation" par Jérôme Fourquet, où le sens collectif, la vigilance sur les liens nationaux, interreligieux, internationaux ne semblent plus habités parfois que par une étroite élite francilienne ("les Français sont des veaux" Charles de Gaulle, septembre 1940).

En matière de sécurité juridique, mentionnons que l'entrée de Malika Sorel Sutter sur la liste RN des élections européennes 2024 confirme la seule proposition intelligible, concrète et crédible du RN, laquelle porte sur le droit de la nationalité : la double nationalité doit être interdite strictement, au même titre que la polygamie et une discussion ouverte est nécessaire à ce propos, avec Damas et Alger. Malika Sorel Sutter a renoncé personnellement à la nationalité algérienne, en toute cohérence. C'est trop facile de vivre en France en rejetant ses valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et celles-ci doivent être expliquées à toutes et tous, dans un cadre d'éducation morale concordataire, hors école et hors famille qui ont d'autres raisons d'être.

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