Organiser une Europe plus redistributive pour faire face et enrayer l'inflation

L'inflation qui s'installe est là pour longtemps. Elle sera violente ces toutes prochaines années. Nous n'en sommes qu'au début. Rien n'a été anticipé, les banques centrales elles-mêmes n’y croyaient pas ! Cette inflation est contaminante, propagée des seules matières premières (pétrole, semi-conducteurs, métaux) à l’ensemble des biens et des services. La hausse des prix est entretenue par les raretés et les entreprises répercutent la hausse des salaires dans leurs prix… D’ailleurs en Europe les prix augmentent maintenant plus vite que les salaires, ce qui augmente les marges des entreprises ! On a parlé de profi-flation, de l’inflation qui vient des hausses de taux de profit. Il y a en plus la rareté de l’énergie, qui sera de plus en plus chère, surtout les énergies renouvelables à cause des coûts de stockage. Energie plus chère car plus rare : il faudrait baisser de 30 % notre consommation énergétique alors que le prix des métaux et matières s’est envolé (celui du lithium est multiplié par huit en un an !), ce qui semble délirant vu les orientations pour les véhicules propres et la digitalisation de la société. Elle l’est aussi par la rareté de l’épargne : les taux d’intérêt seront beaucoup plus élevés car on va manquer d’argent, d’épargne pour financer les dépenses publiques. On entre dans un futur de prix élevés jusqu’à ce qu’on ait réalisé les investissements dans la transition énergétique et amorti les équipements dans l’éolien, l’hydrogène etc. Il faut tenir au moins vingt ans. Lorsque le capital investi, énorme pour les énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles, aura été amorti, on disposera alors d’une énergie pas chère ! Mais d’ici là, le nouveau monde sera durablement plus cher avec un sérieux problème de pouvoir d’achat. Nous devons porter le projet de politiques publiques redistributives dynamiques pendant 20 à 30 ans, au profit des personnes qui s’appauvriront. Le problème est que l’État aura besoin de ressources plus considérables avec en parallèle une rareté de l’épargne avec des taux d’intérêt dits réels, corrigés de l’inflation, qui vont monter. L’État sera de plus en plus coincé entre la forte hausse des dépenses publiques et l’obligation d’un endettement plus cher. Voilà tout le problème des politiques économiques à mener et c'est à l'Europe de permettre de solutionner ce problème, c'est au PS de porter cette voie. Les solutions ne sont pas nombreuses : on peut augmenter la pression fiscale, les impôts, d’abord sur le capital, en généralisant l’impôt sur les grandes fortunes et sur les entreprises. Mais on peut aussi adopter une mesure plus radicale en obligeant les banques centrales à changer d’objectifs, en modifiant leur doctrine, la façon dont on contrôle l’inflation. Avant les années 80, on augmentait les impôts quand l’inflation augmentait et on les baissait quand elle baissait. Les banques centrales finançaient alors l’économie, c’était leur principal objectif. Mais la règle des 2 % d’inflation maximum a été instaurée en nouvel objectif principal. C’est une très mauvaise idée. Il faut de toute urgence revenir à une politique monétaire plus expansionniste, vouée au financement de l’économie à des taux d’intérêt raisonnables : passer de 2 à 3 % par exemple. Cela permettrait de baisser le coût du capital, pour mieux financer les investissements colossaux à venir. Il reviendra alors aux politiques fiscales de contrôler à nouveau l’inflation

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