Comme l'indique le Conseil Constitutionnel dans sa décision du 20 janvier 1981, Loi Sécurité et liberté, la sauvegarde de l'ordre public et "notamment la sécurité des personnes et des biens" est un objectif de valeur constitutionnelle. Or, la réalisation de ce principe passe en particulier, par une présence territoriale effective des forces de l'ordre : effectifs, commissariats et casernes de gendarmerie en nombre suffisants. Ceci doit éviter des phénomènes d'inégalités territoriales, en particulier dans les zones rurales et péri-urbaines. Cette présence marquée des effectifs de sécurité publique, rassurante pour les habitants, doit être combinée avec un renforcement accru des liens entre les Maires et le commandement des effectifs de Police Nationale ou de Gendarmerie. Cela doit tout particulièrement permettre une réponse forte aux violences suivantes : violences faites aux femmes qui progressent fortement (Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, rapport annuel 2023), violences intrafamiliales, actes de trafic de stupéfiants, comportements routiers dangereux (non-respect du code de la route, conduite sous l'emprise de stupéfiants). Le cas échéant, cela peut également passer par une coopération étroite avec les Polices municipales voire intercommunales, lorsque les collectivités territoriales sont en mesure de financer ces dernières. Enfin, l'implantation des bridages de Gendarmerie doit être cohérente et homogène avec les casernes des SDIS, pour assurer une bonne effectivité des interventions souvent communes, en particulier, en matière de sécurité routière précitée. Les faits de violences à l'égard de personnes dépositaires de l’autorité publique se multiplient. En février 2021, le journal Le Monde faisait état de "85 faits de violences à personnes dépositaires de l’autorité publique" enregistrés chaque jour en France, pour la seule Police Nationale. A l'inverse, le maintien de l'ordre à la française a beaucoup évolué, en particulier depuis le mouvement des Gilets jaunes et s'éloigne du "principe de la mise à distance des manifestants (...) l’un des principes essentiels (qui) permet d’éviter le contact entre les forces de l’ordre et les manifestants, facteur le plus important de blessures graves" décrit par Jacques Toubon, Défenseur des Droits en 2017. Aussi, il semble important de revenir à la politique développée par Pierre Joxe, Ministre socialiste de l'Intérieur de 1984 à 1986 et de 1988 à 1991, consistant à toujours mieux former les fonctionnaires de police et militaires, notamment par un enseignement consistant à faciliter toutes les formes possibles de désescalade entre manifestants et forces de l'ordre. Ceci est d'autant plus important dans un contexte où des unités nouvelles sont déployées comme les bridages anti-criminalité (BAC), Compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) et Brigades de répression de l’action violente (BRAV-M) et des moyens interdits chez nos voisins anglais et allemands - LBD, grenades de désencerclement - sont employés. La priorité est donc de rétablir un véritable contact entre les Français et les forces de l'ordre, sous la forme d'une Police de Proximité renouvelée, inspirée de l'expérience réussie du Gouvernement Jospin et mises en oeuvre par les Ministres Jean-Pierre Chevènement, Jean-Jack Queyranne (intérim) puis Daniel Vaillant. Cette proximité doit tout à la fois être de nature à prévenir la délinquance, faciliter la sortie de la délinquance, rapprocher police/gendarmerie et justice et rassurer le citoyen. La prévention de la délinquance passe aussi par une réfexion sur la surpopulation carcérale - environ 79 000 détenus pour 62 000 places opérationnelles - parfois "obstacle à la réinsertion" comme l'écrit la Fondation Jean Jaurès dans son récent rapport d'octobre 2024, La surpopulation carcérale : en finir avec l’indignité et l'enfermement nécessaire mais imparfait pour Surveiller et Punir (Michel Foucaut, 1975).
Fédération PS Ardèche a publié cette page dans Sécurité et prévention de la délinquance
déc 9, 2024 @ 15h37