Mea culpa et nouveau départ

On entend beaucoup parler du vote des classes populaires, de l'abandon de la gauche au profit du Rassemblement National ou plus souvent du retrait des catégories populaires du processus électoral par l’abstention. Le milieu populaire est pourtant éminemment politisé ! Il suffit de se promener dans les cafés, les bistrots, les parcs et les terrains de foot, il suffit d'être invité à déjeuner ou diner, il suffit de fêter un anniversaire ou un mariage ou de naviguer sur les réseaux sociaux pour s'en rendre compte : la chose publique, le fonctionnement du pays et des collectivités intéressent tout le monde, toutes les classes sociales, à tous les ages. Les élèves en parlent avec leurs professeurs, les travailleurs en parlent à la pause déjeuner, les retraités en parlent à leur famille, et tout le monde a un avis. Il ne s'agit donc pas de les intéresser, l'enjeu est ailleurs. Vieux ou jeunes, issus de milieux aisés ou défavorisés, de nombreux français partagent une même amertume, et cette amertume se traduit par un ressentiment lourd, une non-réaction, une renonciation à agir. Je suis convaincu que la grande majorité des français est en désaccord profond avec la direction prise par notre société, que (presque) tous désirent plus de justice sociale et une réaction forte face à la crise écologique. Mais ils ne croient pas que le Parti Socialiste se bat pour ça. Depuis des dizaines d'années, la classe politique creuse un sillon entre elle et le monde réelle, et c'est à mon sens en 2012 que tout a basculé. François Hollande avait 60 engagements et prônait un changement fort. Sa politique, ses baisses d’impôts et de cotisations pour les entreprises, sa réforme du droit du travail ont marqué cette idée dans l'esprit des français : les dirigeants politiques ne tiennent pas leurs promesses, à gauche comme à droite. D'où le succès de la proposition de rupture d'Emmanuel Macron, du sentiment de franchise de La France Insoumise, de la proximité offerte par le Rassemblement National. Mais ceux-là n'ont, depuis, pas convaincu non plus. En France, presque plus personne ne croit qu'il soit possible de faire bouger les lignes. Pour retrouver le peuple, il faut retrouver sa confiance et, pour retrouver sa confiance, il faut agir avec sincérité, comme avec un ami proche : admettre ses erreurs, se demander comment on en est arrivé là, présenter des excuses sincères et, enfin, agir, car les actions ont plus d'impact que les mots.

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