Les habitants de certains territoires ruraux manifestent souvent un sentiment d’abandon, que ce soit la fermeture des derniers commerces de proximité (boulanger, café, supérette, etc.) ou des services publics (bureau de poste, école, etc.), ou encore la fermeture d'usines qui font disparaître des centaines ou milliers d'emplois. Ce sont des territoires où l’extrême droite a réalisé des scores croissants ces dernières années, notamment aux élections européennes et législatives de 2024.
Je ne pense pas qu’il existe une solution unique pour répondre à cette problématique de qualité de vie et d’attractivité sur l’ensemble des territoires ruraux. En revanche, je considère qu’il y a des actions de pédagogie et de service au citoyen dont le Parti socialiste pourrait s’emparer pour faire bouger les choses.
Dans le texte d’orientation B du congrès de Nancy et peut-être dans d’autres textes d’orientation avec une autre rédaction, une des propositions consiste à créer des « services socialistes » sous la forme d’une permanence dans chacune des 577 circonscriptions pour accompagner les Français dans la résolution des problèmes du quotidien (formulaire administratif, recherche d’informations, etc.). Sur la base de cette proposition, je propose d’informer les citoyens sur les impacts directs et indirects de leurs votes aux élections locales (municipales, départementales, régionales) tant à ces différentes échelles mais aussi au niveau national, et pourquoi il est aussi important d’y voter que pour les élections nationales (présidentielle, législatives).
L’exemple le plus parlant est le Sénat. Les 348 sénatrices et sénateurs sont élus par des grands électeurs qui sont à 95% des délégués des conseils municipaux, mais aussi des conseillers régionaux et des conseillers départementaux. Lorsqu’un citoyen vote pour son nouveau conseil municipal, il vote certes pour la personne qui deviendra maire mais il élit également une partie de ces grands électeurs.
En tant que chambre haute, le Sénat a moins de prérogatives que l’Assemblée nationale mais les sénateurs peuvent proposer des lois, amender des projets de loi du gouvernement et ils participent aux commissions mixtes paritaires qui tranchent avec des députés sur la version définitive d’un texte de loi. Même en étant en minorité, le groupe socialiste, écologiste et républicain (SER) du Sénat présidé par Patrick Kanner a déposé des propositions de loi et des amendements qui ont été adoptés ces huit dernières années.
Cette problématique n’est pas uniquement propre aux territoires ruraux mais compte-tenu de leur très grand nombre (au moins 17 800 communes sont zonées dans le dispositif France Ruralités Revitalisation), les citoyens de ces territoires sont à la fois ceux qui peuvent avoir le plus grand impact sur les rapports de force de la gauche dans ces instances (Sénat, conseils municipaux, départementaux et régionaux) ainsi que le plus grand besoin que leur quotidien change pour le meilleur.