"Quelle vision de l’Europe ? " (contribution FD12)

Seul, tu vas plus vite, ensemble on va plus loin. Pourquoi ne pas porter un message enthousiaste sur l’Europe dont on ne laisse entrevoir que les empêchements et les restrictions alors que l’Europe évite un isolement et un rétrécissement dont le Brexit fait la preuve chaque jour au Royaume Uni. La banalisation des idées de l’extrême droite, même si elle ne revendique plus le Frexit prend de l’ampleur donnant plus d’écho aux opposants à l’Europe. Pourtant son fond n’est que rabougrissement et repli sur soi : préférence nationale, suppression de l’A.M.E., doits réservés aux français, ... Ce discours est de plus en plus repris par la droite dite de gouvernement, notamment à l’occasion des débats sur l’immigration. Nous ne pouvons qu’être inquiets face aux alliances entre Droite et Extrême-droite que l’on voit fleurir un peu partout en Europe. Nous avons un problème de récit : qu’est-ce que l’appartenance à l’Europe ? On parle surtout des problèmes, des contraintes liées à l’UE, mais on ne parle jamais de projet auquel les gens pourraient s’identifier. On manque d’enthousiasme. Faut-il rappeler que les normes sont là pour protéger et non pour empêcher ? Le double discours est partout, le gouvernement à l’initiative ou partie prenante des directives vient ensuite se plaindre de son incapacité à faire,… du fait de l’Europe. Stop au doubles discours. Portons haut et fort le récit d’une Europe qui protège, qui libère, qui ouvre des opportunités. Après l’impuissance publique que l’Etat met en œuvre chaque jour, ne donnons pas la voix à ceux qui pérorent sur les impossibilités européennes ! Il nous semble nécessaire de refaire un récit européen, ne pas oublier que sans l’UE nous ne serions pas grand-chose. L’exemple du Brexit en Grande Bretagne devrait nous éclairer (pénurie de main d’œuvre, récession, problèmes de finances publiques, arrimage sans condition et dépendance aux Etats-Unis, …) D’où l’importance d’un vrai projet européen qui parle et touche les gens en abordant leurs problèmes au quotidien. L’angle des politiques liées à l’énergie nous semble intéressant : en effet, la flambée des prix due à la crise actuelle impacte directement les populations. La guerre en Ukraine et ses conséquences sur les approvisionnements de gaz russe ont eu un écho important. La transition énergétique est nécessaire, mais elle peut amplifier les difficultés au quotidien : imposer les véhicules électriques peut mettre en difficulté des populations déjà très impactées par la crise. Les enquêtes montrent que le poste « énergie » est en tête dans les dépenses des ménages. Il serait intéressant de proposer un pôle public de l’énergie au niveau européen. La question du nucléaire ne se pose plus de la même manière, le « grand carénage » ne peut-il être une base de réflexion au niveau européen pour atteindre le mixte énergétique qui sera nécessaire ? Chacun de nos pays évoque l’hydrogène comme perspective d’avenir, les recherches se déroulent sans concertation, les budgets alloués par chaque pays sans commune mesure… Partout en Europe il y a des terrains d’expérimentation dont on ne se sert pas : sur le tarif des carburants par exemple, la France a décidé de prolonger le rabais de 15 cts/litre alors qu’en Espagne, la politique s’est tournée en faveur des transports en commun en baissant fortement les tarifs. Nous avons un atout de taille : le PSE. Nous sommes les seuls à avoir une structure politique européenne et nous devons nous appuyer sur son expertise pour construire le projet. Les décisions prises à l’échelle européenne lors de la crise COVID n’ont pas été prolongées, mais ont démontré que l’Europe pouvait avoir une action directe et efficace pour les populations. Une Europe de la santé, une politique industrielle réfléchie à ce niveau pourraient permettre de dépasser nos différences et divergences pour en faire des objectifs communs. La pénurie des médicaments en est un bon exemple. L’harmonisation sociale n’est pas encore effective, mais que de progrès ont été faits par les pays depuis leur entrée dans l’Union européenne. N’avons-nous pas également bénéficié, dans certains secteurs d’avancées notables ? Que serait l’agriculture sans la P.A.C., combien d’étudiants ont pu bénéficier d’ERASMUS et ont acquis des compétences ou les ont transmises, ont pu faire des études qui leur étaient inaccessibles en France, quand il ne s’agit pas d’y avoir fondé une famille. Que serait l’aéronautique et l’emploi en France sans quelques grands projets industriels européens ? La guerre en Ukraine a rappelé tout l’intérêt d’une Europe de la paix. Pour autant, elle n’a rien mis en œuvre pour une défense européenne concertée. Chaque pays augment drastiquement ses budgets militaires, alors que combinés, il y aurait une force de frappe avec une dépense largement maîtrisée. Notre urgence n’est-elle pas d’assurer la transition écologique et la réduction des dérèglements climatiques dus à notre mode d’intervention sur la planète ? Il s’agit de ne pas se laisser dépasser par les mauvais exemples qui ont desservi la France, mais de valoriser les bons exemples, hors de toute démagogie. L’Europe est une chance, pas une punition ! Un espoir, pas un carcan. A nous de la faire évoluer d’autant que les politiques qui y seront menées seront de gauche et progressistes ! Ne luttons nous pas mieux contre le grand capital que quand nous sommes unis et solidaires. Le dumping social et fiscal auront moins de prise sur des politiques coordonnées que désordonnées !

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