POUR UNE EUROPE DES LOISIRS - Le rôle central encore inexploité de l’activité physique et sportive
(Par Simon BLIN - Fédération 41)
« Le plus grand danger de l’Europe, c’est le manque d’ambition et la nostalgie du passé ». L’Europe, construite pour garantir la paix durablement sur son territoire en rendant les peuples européens interdépendants, joue paradoxalement le rôle d’une muraille. Jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cet état de fait perdurait. Pendant des années, l’Europe à su garantir cet objectif en construisant des solidarités de fait.
Dès 1950, « le gouvernement français propose de porter immédiatement l'action sur un point limité, mais décisif : […] placer l'ensemble de la production franco-allemande du charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe ». Le principe d’une Europe avant tout économique y est posé : « la mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne ».
Également posé dès 1950, le rôle de muraille conféré par Schuman à la CECA perdurera, au-delà de de la Haute autorité de la CECA, au sein des Communautés Economiques Européennes puis de l’Union Européenne. Le père fondateur insistait particulièrement sur ce point : « [à] l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production». Déjà, également, est (im)posé le principe d’une coalition entre ces pays s’inscrivant dans un cycle libérale.
En bref, une paix durable mais fragile, construite sur une logique économique et libérale. Pour perdurer, cet esprit des pères fondateurs doit aujourd’hui s'étendre à une autre paix : la paix sociale. La perspective d’un véritable pacte social commun aux 27 doit émerger. Par la réalisation de nouvelles “solidarités de fait”, son évidence deviendra effective. Cela devra s’incarner par la mise en place de politiques solidaires ambitieuses en matière migratoire, de redistribution de richesses, d’emplois et de protections des citoyens européens.
Or, un prérequis indispensable est nécessaire : celui de l’effectivité de la citoyenneté européenne. Comment infuser le sentiment européen et la conscience d’y appartenir ? Autrement formulé, quels sont les actions et programmes qui vous viennent à l’esprit si l’on vous parle de progrès apportés par l’Union européenne ?
Fin 2021, le CSA a posé la question à un panel de citoyens. Son enquête montre que, loin devant toute autre politique européenne, le programme Erasmus est plébiscité. Alors, comme le disait Otis dans son monologue, « si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres ».
Il propose ici de tendre une nouvelle main, celle ambitieuse de « l’Europe des loisirs ». L’Europe des loisirs renvoie plus largement à la question de l'identité européenne, la promotion de sa diversité culturelle et la solidarité de son peuple dont l’histoire commune précédant le discours de Schuman se résume à la Guerre. Par l’activité de loisirs, le sentiment européen pourrait s’en trouver renforcé.
~ Vers l’Europe des loisirs
L’idée d’Europe des loisirs renvoie naturellement à Léon BLUM et au Front populaire qui la porte. Il faudra alors une vingtaine d’années pour la voir se concrétiser en France, au terme d’un chemin semé d'embûches. Adaptée à l’Europe, cette notion a priori désuette permettrait pourtant un nouvel approfondissement souhaitable de l’idée de peuple européen.
Jean Monnet, autre père fondateur, nous prévenait que « l’Europe se ferait dans les crises, et qu’elle serait la somme des solutions qu’on apporterait à ces crises. » Ne sommes-nous pas à l’aube de l’une d’entre elles ? L’idée de l’Europe sociale doit ressortir de terre, et cela à mesure que les soldats ukrainiens quitteront les tranchées de la mort. Le temps des armes est, souhaitons-le, bientôt révolu pour laisser place, à nouveau, à la vie. Alors, le temps de la construction de la société européenne des loisirs viendra, naturellement (ou presque).
Le Parlement européen, en tant qu'incubateur de dynamiques, en tant que porte-voix du peuple européen, et peut-être un jour en tant qu’initiateur de lois européennes, doit prendre toute sa part. Des initiatives en ce sens ont d’ores et déjà été discutées. Le sport, domaine de compétence relativement nouveau pour l’Union européenne, est venu s’ajouter aux compétences d’appui à partir de décembre 2009. Bien qu’il n’existe de compétence juridique spécifique de l’Union en matière de sport dans les traités avant cette date, la Commission avait posé les fondations d’une politique sportive européenne dans son livre blanc de 2007, et l’a complété dans son plan d’action « Pierre de Coubertin ». En scrutant de plus prêt les traités, on y découvre que son action est guidée par le développement de la dimension européenne du sport, en promouvant l'équité et l'ouverture dans les compétitions sportives, la coopération entre les organismes responsables du sport, ainsi que protéger l'intégrité physique et morale des sportifs, notamment des plus jeunes d'entre eux. Pour la première fois entre 2014 et 2020, une ligne budgétaire spécifique a été créée dans le cadre du programme Erasmus+ afin de soutenir les projets et les réseaux dans le domaine du sport.
En cela, l'Union contribue à la promotion des enjeux européens du sport, tout en tenant compte de ses spécificités, de ses structures fondées sur le volontariat ainsi que de sa fonction sociale et éducative. A un an des Jeux de Paris 2024, l’accueil de cette compétition aux enjeux extra-sportifs considérables ne doit pas effacer l’union des peuples - du* peuple européen - loin du sport business. Oui, le sport est politique, et une bataille culturelle essentielle s’y joue. Le socialisme aurait tort de ne pas y prendre toute sa part tant le modèle de société qu’il défend y est incarné, à proximité de celui, plus pervers, qu’il combat férocement.
~ Le sport : un mot pour deux modèles de société antagonistes
« Renforcer la dimension européenne du sport », oui ! Mais comment ? On entend ici et là parler des “vraies valeurs du sport”, des valeurs de “l’olympisme”. Le sport serait même apolitique, rassembleur, décorrélé de la chose politique, et il ne faudrait pas le politiser. C’est ce qu’a tenté de rappeler le Chef d’Etat français Emmanuel MACRON pendant la coupe du monde de Football au Qatar.
Poings levés et Black Power des Américains Tommie SMITH et John CARLOS lors des JO 1968, genou à terre du footballeur américain Colin KAEPERNICK à l'été 2016 en soutien au mouvement "Black Lives Matter", masque engagé de la joueuse de tennis de Naomi OSAKA à l’US Open de 2020 pour dénoncer le racisme de la police américaine, ou encore t-shirt “I can’t breathe” de Kobe BRYANT et des lakers, les exemples ne manquent pas. Le sport est définitivement politique. Mais de quoi parle t-on exactement ? Quelles sont ces soit-disantes valeurs du sport ? Autrement dit, le sport est-il aujourd’hui un outil au service du libéralisme et du capitalisme forcené de la droite européenne et du centre ? Au-delà, quel contre-modèle les socialistes doivent-ils porter ?
Prenons pour point de départ 1894. Cette année, le français Pierre de Coubertin… Vous connaissez la suite. Pourtant, cet homme n’est pas reconnaissable par son humanisme. Il lui est reconnu un esprit colonial teinté de racisme, associé à une misogynie affirmée. Élitiste, il est moins connu pour son œuvre écrite, qui s’inscrit dans les combats idéologiques du début du XXe siècle. Ces derniers se cristallisent autour du débat sémantique “sport” contre “activités physiques”. Pour Coubertin, il faut à tout prix prôner le sport et l’excellence de la compétition, même à l’école. La seconde école, portée par Paul BERT compte davantage sur la gymnastique militaire et hygiéniste ; tandis que Paschal Grousset vante l’éducation physique égalitaire du plus grand nombre.
Les socialistes ont rapidement compris l’enjeu qui se cachait derrière ces visions opposées. En cela, des militants socialistes fondent dès 1907 un premier club baptisé “Union sportive du Parti socialiste” (USPS), puis l’année suivante une “Fédération sportive athlétique socialiste” (FSAS). Ces espaces de promotion d’un sport éducatif et culturel poursuivaient l’objectif de contrecarrer les velléités d’embrigadement des classes populaires par le patronat et l'Église dont les fédérations sportives fleurissaient alors sur tout le territoire. Elles visaient également à “unir toutes les organisations ouvrières et paysannes de sport et de gymnastiques”, comme indiqué lors du Congrès de la IIIe internationale à Moscou en 1921 pour le lancement de son Internationale rouge des sports. Est alors précisé que “le sport [n’est] pas le but poursuivi, mais seulement un moyen de lutte des classes prolétariennes” pour “renverser l’ordre capitaliste”. Si communistes et socialistes s’accordent sur la nécessité d’encadrer directement la pratique sportive, l’objectif poursuivi diffère. Les socialistes préfèrent à la préparation corporelle à la révolution armée la perception de l’activité physique comme moyen spécifique d’éducation.
Néanmoins, face à la menace faciste des années 30, ces deux visions de gauche se retrouvent et se réunissent afin de présenter une alternative au “sport bourgeois”. Cette vision bourgeoise, quant à elle, voue une obsession pour la performance, les dérives marchandes et la compétition effrénée. Cela se traduit en 1936 par un Boycott des JO de 1936 à Munich, véritable galop d’essai diplomatique d’Adolf HITLER, et par l’organisation en parallèle d’Olympiades populaires à Barcelone (projet malheureusement abandonné suite au coup d’Etat de Franco). En bref, l’activité physique est vue à gauche comme outil d’émancipation plutôt que de domination.
Jean-Marie BROHM, auteur de la thèse intitulée “Sociologie politique du sport”, oppose in fine sport et activité physique : « Le sport est un système institutionnalisé de pratiques compétitives à dominante physique, délimitées, codifiées, réglées conventionnellement, dont l’objectif avoué est, sur la base d’une comparaison de performances, d’exploits, de démonstrations, de prestations physiques, de désigner le meilleur concurrent (le champion) ou d’enregistrer la meilleure performance (record). Le sport est donc un système de compétitions généralisées, universelles, par principe ouvertes à tous, qui s’étend dans l’espace (toutes les nations, tous les groupes sociaux, tous les individus peuvent y participer) ou dans le temps (comparaison des records entre diverses générations successives) et dont l’objectif est de mesurer, de comparer les performances du corps humain conçu comme puissance sans cesse perfectible ».
Le Sport, dans sa version moderne, s'appuierait selon lui sur quatre piliers qui ne sont autres que ceux de la société marchande capitaliste : le rendement, la hiérarchisation, la bureaucratie et la publicité. En bref, le sport agirait comme un véritable cheval de Troie de l’aliénation capitaliste, se présentant sous les traits de nombreuses vertus telles que la paix, l’esprit d’équipe, l’égalité, le bien-être, alors qu’il participerait en réalité à réifier les individus et leurs corps, à faire fi des violences commises aux autres et à eux-mêmes, et de la douleur.
~ Vers une société européenne des loisirs
La société des loisirs, concept sociologique développé par le sociologue français Henri Lefebvre dans les années 1960, décrit une transformation de la société industrielle vers une société centrée sur les loisirs, où le temps libre et les activités récréatives jouent un rôle central dans la vie quotidienne.
Permise entre autres par le progrès technologique, la réduction du temps de travail et la hausse du niveau de vie, ce modèle de société est l’aboutissement d’une volonté politique forte : celle du front populaire. Sans le conceptualiser - puisqu’anachronique - il y a largement contribué en réduisant le temps de travail à 40h par semaine, à généraliser les congés payés et lançant des plans de création de nombreux équipements sportifs et culturels accessibles à tous.
Les loisirs deviennent alors des moments privilégiés pour se détendre, s'épanouir et échapper aux contraintes et aux pressions de la vie quotidienne. Ils luttent contre la domination et contribuent à la recherche de plaisir, au développement personnel et donc à l’émancipation collective.
Cependant, les critiques qui lui sont faites soulignent qu’ils peuvent avoir pour effet la consommation excessive, l'isolement social ou la commercialisation des activités sportives et culturelles. En cela, la société des loisirs ne doit pas contribuer à la fragmentation sociale et à l'aliénation en détournant l'attention des problèmes sociaux et politiques plus profonds. La variable environnementale doit également être prise en compte pour un développement harmonieux et durable.
Au temps du Front Populaire, au-delà de la figure de Blum, un Ministre a particulièrement marqué l’histoire française de son empreinte. La politique sportive menée par Léo Lagrange incarne les valeurs d'émancipation de paix et d'attention à la jeunesse. Dans son hommage à Léon Blum, le 9 juin 1945, Léo Lagrange revient sur son action ministérielle : "le sport est vu comme un moyen plutôt que comme une fin ; la fin, c’est le plein épanouissement de la personne humaine". Déjà, il voyait la bombe à retardement de la sédentarité causée par les conditions de travail de l’industrie visant à éliminer l’effort et augmenter la passivité de l’employé ; déjà, il promouvait le “sport assainissement” face au “sport spectacle”. Une campagne de communication en ce sens est alors mise sur pied, portée par le slogan “ouvrir un stade, c’est fermer un hôpital”.
Dans sa conception politique, le sport doit être orienté “dans une direction différente de celle que connaissent d'autres peuples. Nous ne nous proposons pas d'apprendre à notre jeunesse à marcher au pas cadencé”. Libérer, démocratiser, émanciper, la vision sportive du front populaire est indétachable de la promesse républicaine et du rôle émancipateur de l’école.
Plus tard, Léo Lagrange reconnaîtra : “le sous secrétariat d'État des loisirs et des sports, j'aurais voulu, si ç'avait été chose possible qu'on l'appelât le ministère de la joie de vivre car le sport c'est bien la joie de vivre.” Le sport est perçu comme un instrument d’éducation sociale, porté par la solidarité et l’esprit d’équipe.
Les principes de solidarité et d'esprit d'équipe sont sous-entendus dans les objectifs du traité de Rome lorsqu’on projette d’établir une union plus étroite entre les peuples européens et de promouvoir leur prospérité commune. Le traité souligne l'importance de l'harmonisation des politiques économiques, des mesures de protection sociale et de l'élimination des obstacles aux échanges entre les États membres.
En cela, poursuivons la mise en culture du sport par le développement des loisirs européens. Portons à l’échelle européenne la vision de François Mitterrand, qui nous indiquait le 13 juin 1981 lors de la finale de la Coupe de France que le sport est à ses yeux un projet éducatif et culturel. Il précisait : “Nous avons à lutter contre les hiérarchies et les tabous. Notre culture est un tout et je m'émerveille personnellement des capacités d'expression et de création de tant de sportives et de sportifs qui savent nous séduire par la beauté de leurs gestes. Il y a là pour les hommes et les femmes de notre pays un vaste domaine d'épanouissement et d'émancipation à explorer. Je souhaite qu'il s'ouvre au plus grand nombre sans discrimination sociale.”
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Proposition n° 1 - Les « Rendez-vous européens »
Les rencontres sportives sont l’occasion des liens “qui ne demandent qu’à devenir solides” entre sportifs de divers horizons
Léo LAGRANGE, L’Humanité, 9 avril 1937
En Europe le concept de crise est (paradoxalement !) synonyme d’avancée majeure : discours de Schuman post Seconde Guerre Mondiale, Traité du Luxembourg pour sortir de la politique de la chaise vide menée par le Général De Gaulle, Traité de Lisbonne pour rebondir après l’échec du Traité établissant une Constitution pour l'Europe, les exemples ne manquent pas. Qu’en est-il aujourd’hui ? En décembre 2018, l’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qualifiait la situation dans laquelle se trouve l’Union de « multi-crises », ce qui est inédit. Crises de la politique d’accueil, de la désintégration et de la solidarité européenne, montée du populisme, menace de l’état de droit et désormais retour de comportements belliqueux sur le vieux continent. Pierre Rosanvallon que le 21e siècle sera celui du populisme. Par conséquent « sur le continent européen, c’est la même exécration des institutions bruxelloises, qui symbolisent [aux yeux de ces régimes populistes] le règne d’une démocratie confisquée par les juges et les experts ainsi que l’effacement de la politique devant le pouvoir de marché ».
Pourtant, la période actuelle doit être considérée comme une formidable opportunité, comme un immense défi à relever. Ne regardons pas derrière pour regretter ce qui aurait pu être, mais servons en nous pour ne pas réitérer nos erreurs passées. Voyons-les comme une expérience permettant de mieux appréhender demain et ouvrant de nouvelles perspectives d’intégration future. A l’aube de ces nouvelles années 20, tentons de retrouver cet engouement pour la culture, ce bouillonnement, cette effervescence, cette euphorie créatrice propre aux années folles. Et par-dessus tout, nous avons la charge (que dis-je, le devoir !) de ne pas réitérer 1929 et ses sombres suites.
Vingt années se sont écoulées depuis l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, lequel a notamment veillé à instaurer une véritable citoyenneté européenne. Cette citoyenneté s’est présentée comme la clé de voûte de l’union des peuples européens. « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes » disait Jean Monnet. En voilà une illustration majeure. Être citoyen européen, c’est avoir des droits et des devoirs, c’est également jouir de nombreuses libertés. Cependant, à l’aube de ce nouveau millénaire, bien que la symbolique et les effets juridiques attachés à cette citoyenneté soient bel et bien effectifs, les peuples ne semblent pas prêts à accueillir un nouveau chapitre majeur d’intégration. C’est donc la peur de l’inconnu qui a pu mener près de 55% des votants français et plus de 61% des votants néerlandais à dire non, à rejeter l’avancée fédéraliste portée par le traité établissant une constitution pour l’Europe (“TECE”). Cette peur est un fléau, elle nous sépare au lieu de nous unir. Nous nous méfions de nos voisins européens alors que nous devrions nous enrichir de nos différences. L’être européen existe bel et bien, mais il n’en a pas pleinement conscience. En 2004, une année seulement avant la signature du TECE, l’élargissement à l’ouest n’est pas sans poser des difficultés dans une Europe incapable de se réformer en profondeur. Selon Valéry Giscard d’Estaing, « cette préférence pour l’élargissement rend le système de plus en plus ingouvernable, et, en accentuant les disparités culturelles, stimule le retour aux préférences nationales ». Peut-être ne faut-il pas analyser l’arrivée de ces nouveaux états comme un problème, mais plutôt comme une réelle opportunité. Bien que les traités d’Amsterdam et surtout de Nice n’aient pas réussi à réorganiser une Union élargie de quinze à vingt-cinq, les nouvelles différences culturelles ne doivent pas être reçues comme un fardeau mais comme une opportunité, à la condition d’assurer la cohésion de ces peuples. Ces cultures ne peuvent être vécues comme concurrentes, comme un péril colonisateur. La citoyenneté européenne est cet instrument fondamental qui nous est offert pour y remédier, donnons-lui pleinement vie.
Réaliser pleinement « le Peuple européen » : un mythe qui doit devenir réalité.
Le projet pour l’Europe que je propose est un projet simple, de bon sens, et surtout réalisable à court et moyen terme. Il s’efforce d’éveiller une conscience européenne en chacun de nous. Jean Carbonnier nous prévient que le corps social risque de rejeter les innovations qui ne viennent pas de lui. « Tant que l’Union européenne ne réussit pas à traiter les difficultés actuelles, il est vain d’espérer qu’une révision d’ensemble des traités puisse recueillir un soutien suffisant tant des Etats que des peuples ».
Sans ce pré-requis de peuple européen ou a minima de développement du sentiment européen, il sera difficile, voire impossible, de relancer un projet d’intégration européen ambitieux. Aujourd’hui, le temps n’est pas venu d’une refondation. Rassembler les voix au Conseil relèverait de l’imaginaire. De plus, un électeur sur cinq a émis un vote europhobe lors des dernières élections européennes. En revanche, des signaux positifs existent. Selon un sondage Eurobaromètre, les jeunes européens sont passés de la rue aux urnes : + 14 points pour les 18 -25 ans, et +12 points pour les 25 - 39 ans en 2019.
David Sassoli, ancien Président regretté du Parlement européen avait déclaré que « l'augmentation très significative du taux de participation aux élections européennes de mai montre que les citoyens, en particulier les jeunes générations, accordent de l’importance à leurs droits démocratiques et estiment que l'Union européenne est plus forte lorsqu'elle agit de concert pour répondre à leurs préoccupations ».
Le mouvement Fridays for Futur mené par Greta Thunberg traduit quant à lui le mécontentement des jeunes européens (et du monde) envers la classe politique européenne pour son inaction face à l’urgence climatique. Cette forme de contestation est en elle-même une forme d’expression du sentiment d’appartenance européenne, unie derrière une cause commune. Rassemblés, ils rêvent d’une Europe plus à l’écoute, plus actrice et plus écologique. Dès lors, se sentir européen ne doit pas systématiquement s’analyser comme un plébiscite des politiques communautaires, mais plutôt comme un combat, comme des revendications partagées dont la réponse est nécessairement commune. La nouvelle génération l’a parfaitement compris, elle est prête. Est-ce que les peuples européens dans leur globalité le sont ?
Les « Rendez-vous européens »
Mon projet doit participer à amener ce changement de mentalité qui, à terme, permettra de soutenir des projets politiques de grande ampleur, vers plus d’intégration. L’homme européen existe déjà, mais il n’a qu’une conscience limitée de lui-même on l’a dit. Il s’agit donc de produire ce déclic, de montrer ce qu’est l’Europe, et ce qu’elle pourrait devenir. Nommons-le « les rendez-vous européens » (The European meetings). Ce projet cherche à établir des solidarités concrètes, de faits, entre les citoyens de l’Union. Il n’impose pas mais permet, tout en veillant à replacer la personne au centre des préoccupations. Le citoyen devient la clé de voûte de la stabilité des fondations européennes. Thomas Risse souligne que “le processus de socialisation ne se réalise pas tant via l’exposition aux institutions européennes, mais via le niveau national où “devenir européen” est un processus graduellement inclus dans la manière dont l’individu pense son identité nationale”. On comprend qu’il est vain d’opposer l’identité nationale et l’identité européenne d’un individu. Comme l’indiquent très clairement les traités constitutifs, ces deux citoyennetés sont compatibles, elles s’additionnent. Leur coexistence pacifique est un enjeu de taille.
Les rendez-vous européens se dérouleraient chaque année dans une ville européenne sélectionnée préalablement. Un calendrier organisé sur 27 années permettrait aux Etats membres de les accueillir tour à tour. Une consultation publique à l’échelle européenne pourrait ensuite être privilégiée afin de déterminer la ville hôte. Ces rassemblements à caractère convivial basés sur le partage pourraient promouvoir différents domaines, notamment sportifs et culturels. Sportifs tout d’abord. Les jeux de l’Union doivent concerner des disciplines originales. Il ne s’agit pas de concourir selon un tableau et des règles strictes à l’instar des Jeux olympiques, puisque, comme le disait François MITTERRAND le 13 juin 1971 à Epinay, c’est l’argent et la compétition débridée “qui corrompt” et “ qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes”. Non, il s’agit plutôt de découvrir ou redécouvrir des pratiques régionales locales, oubliées, ou insolites. La France regorge de pratiques locales particulières et caractéristiques de la région d’origine : pelote basque, ballon au poing Picard, pilou niçois, gouren breton… Leur découverte représente autant de liens fédérateurs à développer. Des épreuves contemporaines auraient également leur place telles que les démonstrations de breaking. Le partage prendrait le pas sur la compétition. Ce sont des choses simples et triviales à première vue, mais par la rencontre, le partage et le dialogue entre ces citoyens de différents horizons, une alchimie particulière, un espace paisible où il fait bon vivre se crée.
Les rendez-vous européens doivent également revêtir un caractère culturel. Des espaces mêlant anciens et nouveaux talents doivent être mis en place. Je pense notamment à des galeries d’arts regroupant tant des œuvres impressionnistes de Monet que des graffitis de l’artiste belge Roa. Des stands culturels et artistiques pourraient être mis en place afin d’initier le grand public à la sculpture, à la peinture, à la poterie, aux savoirs faires et à la découverte de mets locaux... Des concerts viendraient ponctuer le tout, autour de pratiques musicales parfois nées dans la région d’organisation des Rendez-vous. Afin de ne laisser personne de côté, ces concerts devraient être simultanément chant-signés, interprétés en langue des signes, et proposeraient des gilets vibrant aux personnes sourdes et malentendantes. Le principe de non-discrimination n’est-il pas l’une des valeurs fondamentales européennes ?
En outre, ces rendez-vous doivent aussi être l’occasion de penser et repenser l’Europe. Des stands européens seront mis en place dans lesquels les citoyens pourront débattre et trouver toutes les informations sur son fonctionnement, ses actions, ses réalisations. « L’Europe apparaît souvent comme une boîte noire dans laquelle il est difficile d’identifier les responsabilités, ce qui permet de rejeter sur elle et plus particulièrement sur la Commission des dysfonctionnements dont elle n’est pas responsable ». Là où les citoyens ne peuvent prendre le temps d’aller chercher ces informations, l’Union vient à eux pour les leur donner.
Enfin, pour accroître la découverte ou la redécouverte de l’Europe sous un angle original et plus accessible aux jeunes, les écoles s’associeraient à ces manifestations. Une prise de conscience précoce de ce sentiment européen est à privilégier. Une des plus belles réussites européennes est la mise en place du programme Erasmus. Plus de trente cinq ans après sa création, ce sont plus de douze millions d’européens qui ont bénéficié de ce programme. 83% des étudiants Erasmus se sentent, à leur retour, plus proches de l’Union. Leur citoyenneté européenne semble prendre un sens : seulement 30% des 18 - 25 ans ont voté aux élections européennes de 2014, contre 81% des jeunes issus de cette même tranche d’âge mais ayant effectué un échange Erasmus. Enfin, 93% d’entre eux racontent que cette expérience leur a permis de prendre conscience « de la valeur des autres cultures », et donc des valeurs européennes parmi lesquelles figure la tolérance.
L’éducation tient une place toute particulière dans cette éclosion de la conscience européenne. Bien que cette compétence demeure exclusivement celle des Etats membres, des actions peuvent être coordonnées et soutenues par l’Europe. Ces Rendez-vous européens devront ainsi laisser une place particulière à la jeunesse, en organisant les olympiades des écoles Erasmus. Les anciens étudiants Erasmus pourront, sous la bannière de l’école d’accueil de leur mobilité, s’inscrire et participer à cette olympiade conviviale.
En Conclusion
Ces rendez-vous cherchent à rassembler les peuples d’Europe, quelle que soit leur appartenance politique, sociale, religieuse, ou nationale. La citoyenneté européenne ne s’exprime plus uniquement en droits et devoirs, mais par des activités concrètes relevant du « vécu ». A l’heure du Brexit et de la guerre en Ukraine, ces réalisations concrètes prennent leur sens. L’Union doit être connue et comprise de chacun de ses 500 millions de citoyens.
Mieux se connaître afin de mieux vivre ensemble, voilà une idée qui ouvre la porte à une Europe unie dans la diversité, à une Europe plus sociale. Par le partage, elle développe une identité commune nécessaire à assurer la solidarité entre les peuples d’Europe. La diversité des uns et des autres ne pourrait plus être érigée comme un conglomérat de différences qui dérangent mais comme une réserve inépuisable de richesses. « On sait qu’un arbre a généralement un tronc unique. Pourtant, ce tronc puise sa force de la pluralité de ses racines et doit son ampleur à la diversité de ses branches. Ainsi est le peuple européen ». En cela, les rendez-vous européens correspondent au partage d’un langage commun à travers le sport, et cultivent nos différences en nous enrichissant des cultures de l’Europe.
*** Fin P1***
~ Le sport structurellement incompatible avec l’impératif écologique et social ?
Le sport est né entre le XVIIIe et le XIXe siècle en Grande-Bretagne, en pleine phase d’industrialisation du capitalisme. Il est notamment apparu dans les écoles élitistes, nommées public school. À l’origine, c’est donc une pratique essentiellement bourgeoise qui a été répandue par ses colonies. Contrairement à l’aristocratie, qui prétendait tirer son pouvoir de l’inné, du sang, la bourgeoisie promeut l’idée de mérite. Le sport est donc un phénomène social particulièrement réglementé. Cet ensemble de règles est censé préserver une « égalité des chances » sur la ligne de départ. C’est aussi un puissant promoteur de l’idéologie capitaliste à travers la performance sans limite, la survalorisation de l’effort, la mise en place d’une concurrence forcenée et la dictature du chiffre généralisée. “Le sport est donc une organisation particulière des jeux et de l’activité physique, de même que le capitalisme est une organisation spécifique du travail et des rapports de production.” Le sport n’a donc, dans sa version moderne, rien d’écologique “par nature” bien que symboliquement, sport et socialisme effectuent de manière simultanée leur arrivée en 1878 dans le dictionnaire de l'Académie française.
Pourtant, la Commission européenne travaille actuellement à l’élaboration d’un cadre commun assorti d’engagements qui tiennent compte du pacte européen pour le climat. L’accent est mis sur l’innovation et la numérisation dans tous les domaines du secteur du sport. Le 23 novembre 2021, le Parlement a quant à lui adopté une résolution sur la politique des sports de l’Union européenne : bilan et pistes pour l’avenir. Dans ce rapport, les députés recommandent notamment la mise en place d’un modèle sportif européen fondé sur les valeurs européennes de solidarité, de durabilité, d’inclusion, de compétition ouverte et d’équité. Or, il y a urgence à intégrer pleinement le sport au cœur des réflexions sur le Green Deal européen.
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Proposition n°2 - Pour un Pacte Vert Européen du Sport
Le “Green Deal”, lancé par la Commission von der Leyen dès 2019, doit s’étendre aujourd’hui au sport qui représente l’un des secteurs d’activités les plus médiatisés, bien plus qu’il n'émet de CO2. En France, le sport ne représente qu’un pourcent des consommations énergétiques totales. Pourtant, sa forte médiatisation et son influence sur les jeunes générations imposent une exemplarité du secteur.
Le Pacte vert européen du sport doit permettre de faire du sport le premier secteur décarboné, le premier à remplir les objectifs du Green Deal. Pour cela, les Etats membres devront collaborer, en lien étroit avec les fédérations sportives et les ligues, à la refonte des calendriers de compétitions afin d’optimiser les déplacements lors d’une saison.
Également, pour éviter toute déroute comme ce fut le cas avec l’affaire du “char à voile”, le 5 septembre dernier (nous parlons d’un entraîneur bientôt employé en Arabie Saoudite), il est proposé de former tout nouveau signataire d’un contrat sportif professionnel aux enjeux environnementaux du sport. Ces sessions de formation pourraient s’organiser chaque année, pendant 2 jours, dans un État membre et regrouper les nouveaux professionnels des vingt-sept.
Côté institutions, les Etats membres rassemblés au Conseil de l’UE devraient se coordonner et voter à la majorité qualifiée le soutien à l’organisation d’un grand événement sportif d’envergure internationale. Cela permettrait de peser dans l’attribution d’une compétition à une ville ou un État et ainsi éviter de réitérer l’épisode Qatar 2022. Le Parlement européen, institution active sur les enjeux sportifs européens, devrait émettre un avis consultatif.
Le Conseil pourrait également permettre d’avancer des discussions sur la mobilité des supporters sur des compétitions européennes, et mettre en place des systèmes incitatifs de report modal pour des mobilités moins carbonées. Le report de l’avion vers le train est l’une des solutions à privilégier (RTE-T, développement des trains de nuit européens…).
***Fin P2***
~ Un budget européen pour le sport
L’activité sportive, pratiquée par près de 60 % des Européens dans 700 000 clubs, représente environ 3% du PIB de l’Union européenne pour 15 millions d’emplois occupés. Le volet sport du programme Erasmus+ est doté d’un budget de 470 millions d’euros sur sept ans. Le budget dédié en France au volet Sport du programme Erasmus+ pour l’année 2023 est de 57 millions d’euros. Il comporte deux priorités :
Les projets de mobilité du personnel sportif ;
L’organisation d’événements sportifs européens ou locaux à dimension européenne.
Pourtant, en tant que compétence d’appuie, le sport n’a pour l’heure pas de budget propre malgré le plan de travail du sport 2021-2024, qui a le mérite d’exister. Le 12 décembre 2020, le Parlement et le Conseil ont malgré tout trouvé un accord provisoire sur la proposition de la Commission relative à l’avenir du programme Erasmus+ pour la période 2021-2027. Il prévoit une augmentation des fonds consacrés au sport afin d’atteindre 1,9 % du budget global du programme.
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Proposition n°3 - Pour un budget européen pour le sport
Parce que le sport est au carrefour des politiques publiques, il mérite un budget propre qui doit permettre de mener des actions au-delà de ce qu’il offre d’ores et déjà à travers Erasmus + Sport.
Le programme sport de l’UE pourrait contenir des mesures aussi larges que l’organisation et la rencontre et événements amateurs (Voir proposition n°1 - Les Rendez-vous européens) permettant la diffusion des valeurs européennes, que l’aide à l’intégration des migrants par le sport. Les rencontres sportives sont l’occasion des liens “qui ne demandent qu’à devenir solides” entre sportifs de divers horizons.
En effet, le sport peut largement contribuer à l’intégration des migrants dans l’Union, et cela fonctionne ! En septembre 2016, la Commission a publié une étude consacrée à la façon dont le sport favorise l’intégration des migrants en Europe. Elle recense les bonnes pratiques déjà à l'œuvre dans l’Union, qui ne demandent qu’à être généralisées par un coup de pouce de la puissance publique.
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Proposition n°4 - Le sport professionnel européen doit financer le sport amateur européen
Plus d’un habitant adulte de l’Union européenne sur trois ne fait pas suffisamment d’activité physique ou de sport, tendance aggravée par la pandémie de Covid-19 et qui a des effets néfastes sur le plan sanitaire, comme le souligne un rapport de 2023 de l’OCDE et de l’OMS.
Selon la publication, l’accroissement de l’activité physique aux niveaux minimums recommandés dans l’UE permettrait d’éviter 11,5 millions de nouveaux cas de maladies non transmissibles d’ici 2050, dont 3,8 millions de cas de maladies cardiovasculaires, 3,5 millions de cas de dépression, près d’1 million de cas de diabète de type 2 et plus de 400 000 cas de différents cancers.
En outre, chaque euro investi dans l’activité physique génère un retour presque double (1,7 euro) en termes de bénéfices économiques. Dans son communiqué de presse, l’OMS indique que si les États membres s’attaquaient collectivement à la sédentarité de l’ensemble de leur population, ils économiserait près de 8 milliards d’euros par an, soit plus que les dépenses annuelles totales en soins de santé de la Lituanie et du Luxembourg réunis.
La “taxe Buffet” permet (permettait*…), en France, de financer le sport amateur à travers une taxe de 5 % sur l’ensemble des droits de retransmissions TV des manifestations sportives. Nous devons réaffirmer ce mécanisme de solidarité entre le sport professionnel et le sport amateur. Pour cela, il faut sans attendre instaurer une “Taxe Buffet européenne”. Elle engloberait non seulement les compétition nationales des Etats membres, dont une quote part pourrait être reversée au budget sport de l’UE (Taxe affectée) ; en incorporant également les compétitions internationales comme les Jeux olympiques et paralympiques, les coupes du monde de sports médiatisés limitativement listés. Les sports féminins pourraient être exclus afin de booster leur médiatisation et temps d’antenne.
Rassemblées autour de 27 Etats membres, les organisateurs de Grands Évènements Sportifs Internationaux (GESI) pèseraient d’autant moins dans les négociations. En quoi est-ce essentiel ? Un exemple, avec les Jeux de Paris 2024. Les négociations entre l’Etat français et le CIO ont mené le Gouvernement, au sein même du Projet de Loi de Finance pour 2023, à tout simplement exonérer de toute taxe l’organisateur. Ce régime dérogatoire, instauré quelques années auparavant, demeure et est prolongé dans le temps. Le Gouvernement se justifie : ce régime “apparaît nécessaire pour que notre pays puisse continuer à accueillir régulièrement des compétitions sportives d’envergure internationale, comme les Jeux olympiques.” Autrement dit, si on ne se soumet pas aux velléités de l’organisateur, un ville hôte plus docile sera choisie.
Le CIO et l’ensemble des organisateurs de GESI sont-ils prêts à abandonner l’Europe ? Absolument pas. Ensemble, les 27 doivent peser dans ces négociations. Il est proposé ici d’inverser ce rapport de force.
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Proposition n°5 - Pour une Taxe sur les transferts de joueurs
Pour aller plus loin, les socialistes doivent poursuivre leur lutte contre les super-profits liés aux transferts de joueurs. Le sport business continue de ronger le sport spectacle désintéressé. Par ces montants démesurés, les droits d’entrées dans les enceintes sportives explosent. Dans un article Libération en date du 15 décembre 2022, le journal indique les prix moyens des finales de Coupe du Monde de football de 1998 à nos jours. Si une place au Stade de France le 12 juillet 1998 coûtait entre 40 et 350€, il fallait débourser entre 580 et 1550€ à Doha l’année dernière.
Redonnons de la décence à l’indécence ! Ces spectacles sportifs doivent demeurer populaires. Pour cela, il est proposé de taxer l’ensemble des transferts de sportifs professionnels lorsque le montant dépasse 1M€. Cette taxe progressive de 1% par année - pour atteindre le Taux fixe de 5% du montant de transfert au bout de 5 ans - devra être affectée aux politiques sportives de développement du sport amateur et d’accessibilité aux spectacles sportifs et culturels de l’Union européenne.
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~ Le sport, cheval de Troie du soft power européen ?
Dans “The Brussels Effect: How the European Union Rules the World Get access”, Anu Bradford explore l'idée que l'Union européenne influence le monde entier grâce à son pouvoir réglementaire et à sa capacité à définir des normes mondiales. L'auteure soutient que l'UE peut dicter les règles du jeu économique mondial sans avoir à recourir à la coercition ou à la puissance militaire. Elle se réfère à cela comme "l'effet Bruxelles". Sa taille économique, sa réglementation stricte et son marché intérieur en seraient les principaux atouts. En cela, les entreprises mondiales sont incitées à se conformer aux normes de l'UE pour accéder à son marché, tout comme les Etats tiers partenaires.
Les critères de cette influence seraient purement économiques, alors que l’UE demeure un nain politique. ”L’Europe, quel numéro de téléphone ?” est la fameuse phrase qu’avait utilisée en 1970 Henry Kissinger, ancien secrétaire d’Etat américain, pour critiquer le manque de cohésion et de visibilité de l’Union européenne sur la scène internationale. Le sport est un biais pertinent pour pallier ces manques. Le Parlement européen en prend petit à petit la mesure. “C’est historique ! Pour la première fois, une équipe représentant l’ensemble de l’Union européenne est officiellement inscrite à une compétition internationale” scande Eric ANDRIEU. Pour la Présidente du Parlement européen, “c’est une réelle opportunité de jeter des ponts entre les parlementaires du monde entier. Le sport est un langage universel, et il peut être un outil puissant pour promouvoir les valeurs européennes”. CQFD.
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Proposition n°6 - Le sport, modèle responsable vecteur d’influence européenne à l’international
Dans la continuité de l’équipe parlementaire européenne de Rugby, il est proposé ici d’intensifier les initiatives de représentation sportive européenne lors d’évènements d’envergure internationale en proposant ponctuellement une “équipe d’Europe”. Les sports collectifs sont tout particulièrement adaptés à ce format.
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En conclusion, l’ensemble de ces propositions visent à participer à la mise en place d’une véritable politique sportive européenne, pour une Europe des loisirs et, in fine, une Europe sociale. Bien que simple compétence d’appuie, le sport doit devenir un domaine d’intervention chaque jour plus grand. Cette politique sportive représente un modèle de société, socialiste, juste et durable. Comme le disait Léo Lagrange, “le sport doit nous unir, au-dessus des différences d’opinions politiques et philosophiques”. Plus que ces différences d’opinion, le sport nous unit bien dans la diversité, il cherche à nous enrichir de nos différences, à gommer les inégalités et promouvoir le bien-être et le bonheur. Toutefois, convenons d’une chose : oui, le sport est politique ! Pour nous, socialiste, il contribuera à la construction de l'Europe Sociale que nous appelons de nos vœux.
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Simon BLIN
Animateur Fédéral des Jeunes socialistes 41
Secrétaire Fédéral du Parti socialiste 41