Contribution n*1 de la section Marseille 11/12

Le mouvement socialiste est né d’une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le développement gigantesque des forces productives par la science et la technique a apporté puissance et richesse à une petite caste de privilégiés, les détenteurs de capitaux, au détriment des gros bataillons de travailleurs salariés. Dans cette continuité historique, le sens du socialisme a toujours été de réduire les inégalités et doit le demeurer, induisant de toujours réinterroger cette vocation originelle tant par rapport à l’évolution de la société qu’au regard des différentes catégories qui composent aujourd’hui les classes populaires. Il s’agit aussi d’apporter à toutes les femmes et à tous les hommes, la liberté, la justice et le bien-être par la défense des Services Publics qui assurent à toutes et à tous des moyens d’existence ainsi que l’accès aux besoins essentiels. De par les avancées qu’il a initié ou soutenu, le parti socialiste, à l’origine parti ouvrier, est devenu un parti du « peuple tout entier» qui sert la liberté et l’émancipation de tous et toutes dans la République grâce notamment au principe de laïcité. Ainsi, conformément à la vision de Jean JAURES, le socialisme est un universalisme qui est le garant non seulement d’un combat social mais aussi d’un projet moral. Or, durant la précédente décennie, notre parti s’est progressivement écarté de ses fondamentaux pour s’inscrire dans un régime libéral et gestionnaire très modérément social et humaniste, au point de manquer de disparaitre au début de l’ère Macron et alors que beaucoup, parmi les classes populaires, votent pour le Rassemblement National ou s’abstiennent, preuve d’une cassure profonde qu’il faut maintenant s’employer à réparer. Malgré un score historiquement faible aux dernières Présidentielles qui appelle d’abord à l’humilité, le Parti Socialiste, grâce également à une clarification intervenue notamment à l’occasion du Congrès de Marseille des 27 au 29 janvier 2023, semble sur la bonne voie pour parvenir à renouer avec sa mission historique de parti de classe, devenu un parti du peuple. S’il parait avoir retrouvé sa place à gauche, dans le mouvement social tout en ayant démontré sa crédibilité en matière d’écologie, sujet urgent et majeur du 21eme siècle, il devra impérativement retrouver l’adhésion du peuple et des classes populaires par les idées qu’il porte et dans la conviction qu’il doit apporter auprès de tous que le Socialisme est une force agissante, progressiste, et émancipatrice. 1/ UN PARTI SOCIALISTE ENRACINE DANS LES REALITES DE LA SOCIETE Pour durablement « retrouver le peuple », le Parti Socialiste doit en premier lieu ne plus dévier de sa trajectoire, de ses fondamentaux, de sa vocation originelle de parti qui prend en compte le peuple. Le peuple, les masses ont besoin d’être représentées, sur la base de programmes politiques démocratiques répondant à leurs besoins et élaborés avec eux, le plus possible. Elaborer avec le peuple ne veut pas simplement transcrire les attentes exprimées du peuple, mais aussi réfléchir ensemble, échanger, dialoguer et aussi quelquefois convaincre arguments à l’appui. Pour ce faire, le Parti socialiste doit rester en capacité de produire sa propre doctrine et d’élaborer sa propre pensée politique, pour ne pas (re)tomber dans l’écueil de se « reposer » sur la production des différents groupes de réflexion proches de sa sensibilité - autrement désignés par l’anglicisme « thinks thanks » - il en va en également de la formation de ses militants, ses premiers maillons, qui doivent pouvoir faire prospérer les idées du Parti auprès des classes populaires. Ce serait en effet une erreur de laisser le peuple, les masses, aux mains des populistes - dont les médias très conservateurs sont le « strapontin » - qui les manipulent en jouant sur les peurs, les émotions, avec pour but ultime d’accéder au pouvoir induisant, pour le Parti Socialiste, de retrouver un rayonnement idéologique lui assurant d’être audible et visible. Bien entendu, ce travail politique de fond avec et pour le peuple, ne doit pas s’arrêter en phase de conquête de pouvoir, et consiste également à associer les citoyens dans l’élaboration des décisions, ce qui augure par ailleurs d’une réflexion à plus long terme sur une éventuelle réforme des institutions pour améliorer la démocratie. S’agissant du Parti Socialiste et de son fonctionnement celui-ci doit d’être le reflet de son ADN et a dès lors l’obligation de déployer toute son énergie pour ne pas risquer de devenir un simple parti d’élus enfermé dans des « querelles » d’appareils mais bien redevenir, comme autrefois, un grand parti de militants connecté à toutes les réalités et à tous les territoires qu’il soit urbain, péri-urbain ou rural. Face au Peuple qui n’a jamais cessé de croire en la politique, mais dont la défiance à l’égard des hommes et femmes politiques n’a jamais été aussi forte, le Parti Socialiste doit incarner et promouvoir une politique vertueuse par des militants / élus venant de tout bord qui, ancrés dans leurs territoires et proches des réalités sauront traduire et répondre aux attentes concrètes de la population. La formation des militants, la multiplication des actions de terrain et plus largement des initiatives dans les territoires fragiles de la République en dehors des campagnes électorales sont des ingrédients simples pour retrouver la voie du Peuple et espérer ainsi susciter de nouveau son adhésion. 2/ UN PARTI SOCIALISTE QUI DOIT RETROUVER L’ADHESION DU PEUPLE Parmi les fondamentaux à respecter pour « retrouver le peuple » : - En premier lieu, une bonne rémunération du travail car depuis plusieurs décennies, la rémunération du capital n’a cessé de croitre au détriment de la rémunération du travail alors que le travail doit garantir à tous la possibilité de bien vivre, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui encore plus dans un contexte de hausse du coût de la vie ; ainsi, et pour les salariés, il est temps d’en finir avec les primes de vie chère ou de rendement pour préférer une augmentation des salaires, notamment en période d’inflation, ce qui permettra également, par un meilleur rendement des cotisations sociales qui sont un salaire indirect, de pérenniser notre système de protection sociale qui profite à tous, à commencer par les plus modestes ; - La privatisation, la disparition ou la dégradation des grands Services Publics, dont la fonction primordiale est de garantir à nos concitoyens l’accès aux services essentiels (notamment l’éducation, le social, l’hôpital, la justice...), sont mal vécus des classes populaires et moyennes qui souvent en « payent le prix » notamment dans les centres villes anciens, les quartiers prioritaires de la politique de la ville, les zones péri-urbaines ou les territoires ruraux ; repensons dès lors notre rapport au Service Public en rompant avec cette logique comptable initiée par Nicolas SARKOZY via la Réforme Générale des Politiques Publiques (RGPP) continuée par ses successeurs afin de retrouver une logique de moyens mise au service de l’efficacité des Services Publics au cœur des territoires de la République ; - Plus particulièrement désenclaver certains territoires par le déploiement des transports en commun et la mise en œuvre d’un véritable parcours résidentiel garant d’une véritable mobilité pour éviter qu’une partie de la population ne se retrouve de fait et contre son gré « assignée à résidence » ; - Assumer une vraie politique du droit au logement décent, droit à valeur constitutionnelle qui consacre un besoin au carrefour des tous les autres, par, entre-autres, le respect des objectifs de la Loi SRU, la généralisation de l’encadrement des loyers ainsi qu’un renforcement des moyens judiciaires alloués à la lutte contre les « marchands de sommeil » ; - Redevenir ambitieux en matière de politique de la Ville, véritable cécité du Macronisme, ce qui implique d’accompagner la politique de rénovation urbaine, dont la fonction est d’améliorer l’attractivité de certains quartiers, d’une politique de sécurité , d’emploi, d’éducation pensée à l’échelle de toute l’agglomération ; - Plus globalement, réintroduire de la mixité dans toutes les strates et sphères de la société afin de pouvoir retrouver un horizon commun sans quoi rien n’est possible ce qui exige de défendre avec ardeur l’Ecole Publique pour donner à chacun la possibilité de bénéficier de l’ascenseur social ; - Dans le même esprit, il est nécessaire de relancer sur tous les territoires, notamment les plus fragiles, l’éducation populaire, le sport, la culture et les vacances pour tous, facteurs du mieux vivre ensemble et créateur de lien social induisant d’encourager et de soutenir le mouvement associatif qui œuvre dans ces domaines essentiels au cœur de l’intérêt général ; - Il en est de même pour la sécurité qui est un droit pour tous, notamment pour les habitants des quartiers des villes et des territoires les plus modestes, qui sont les plus exposés ; en parallèle, dans un objectif de prévention, réintroduire une police de proximité permettrait d’améliorer la sécurité mais également la relation entre la police et la population, notamment avec la jeunesse de notre pays, contribuant ainsi à un apaisement salutaire au vu des récents évènements ; - Enfin, il est particulièrement nécessaire d’accompagner les personnes les plus en difficulté sociale par rapport aux grandes mutations de notre temps qui sont le développent du numérique et le réchauffement climatique. Les catégories les plus modestes qui souvent vivent dans des logements mal isolés ou utilisent par exemple des véhicules plus anciens et donc plus polluants, devront être davantage aidés pour ne pas passer à côté de la transition écologique et la rejeter aux motifs que l’écologie deviendrait punitive. Cette liste de principes fondamentaux à respecter pour redevenir crédibles auprès du plus grand nombre, en étant fidèles à notre riche histoire, n’est pas limitative et a vocation à être enrichie nos camarades.

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