Convention n*2 de la section Marseille 11/12

L’éducation populaire, outil incontournable pour redonner un souffle démocratique à notre société Retrouvons le peuple ; le titre est mal choisi. Et pour cause, le peuple c’est vous, c’est nous, elles, eux, tous ceux qui vivent sur notre territoire et sont aujourd’hui sous la coupe d’une partie infime de celles et ceux qui le compose. Or notre parti, le Parti Socialiste, a une mission essentielle, qui s’affiche en toutes lettres dans le nom qu’il porte, et qu’il faut absolument défendre sans états d’âme : lutter, défendre, gouverner avec un objectif de progrès social, de justice, d’égalité, de solidarité. Le peuple n’est donc pas perdu puisqu’il est l’objet même de notre combat. Ce qui est par contre perdu – en tout cas partiellement – c’est la confiance et le vote des catégories les plus défavorisées de nos concitoyens. Ceux-là mêmes pour qui nous devons concentrer toute notre attention. Et pour regagner cette confiance, ce soutien, nous devons impérativement retrouver notre force de conviction, tant dans le fonds de notre projet que dans la forme de notre discours. Pour cela, et avant même que de retrouver le pouvoir et de mettre en place une véritable politique d’éducation populaire, le Parti Socialiste doit lui-même se considérer et se comporter comme un mouvement d’éducation populaire. Un projet de gouvernement Tous ceux qui se sont penchés sur le concept d’éducation populaire le diront, lui trouver une définition claire et concise est une mission impossible. On peut donc s’appuyer dans un premier temps sur le Rapport sur l’instruction publique établi par Condorcet en 1792 ; c’est un excellent point de départ. On peut aussi se satisfaire de la définition proposée par Benigno Cacérès il y a 60 ans ; elle cerne assez bien le sujet. On peut enfin garder en mémoire l’objectif final proposé par le philosophe Alain : faire des citoyens français « un peuple instruit, qui délibère et discute; un peuple éclairé par des spécialistes, éclairé par ses représentants, mais non gouverné par eux; non, gouverné par lui-même : tel est l’idéal. » La dimension politique dans l’acte éducatif est partie prenante de l’éducation populaire, prônant ainsi l’émancipation, la socialisation, le développement culturel et la tolérance. Au moment où l’on enregistre la plus forte crise démocratique que notre pays n’ait jamais connu, que la défiance envers le politique est immense, le fort taux d’abstention aux élections de plus en plus élevé, l’adhésion et le vote pour des partis extrémistes pétainistes, fascisants, autoritaristes en constante progression, à ce stade donc de décomposition de notre société, l’éducation à la citoyenneté constitue un enjeu essentiel, une chance pour la démocratie. L’éducation doit s’asseoir sur les 3 piliers qui la composent, et nous devons lui en donner les moyens : - l’école doit remplir (mieux qu’aujourd’hui) son rôle, et un gouvernement socialiste doit revenir sur les réformes stupides des gouvernements précédents et actuel. A l’instar du projet avorté en 1984, nous devons mettre en place un service public unifié de l’éducation, dans lequel l’enseignement privé doit perdre progressivement sa place, et ses financements publics. - la famille doit être soutenue. Une famille en difficulté n’a pas besoin de sanctions mais de soutien. C’est le rôle de l’État d’être présent à ses côtés. - l’éducation populaire doit devenir ce troisième pilier, en étant présent à différents niveaux : auprès des enfants en dehors des temps scolaires, en proposant des activités éducatives et ludiques, sportives ou culturelles, et des séjours de vacances en collectivité, essentiels pour développer le vivre ensemble ; auprès des adultes en dehors des temps de travail (pour les salariés) ou dans le cadre d’ateliers (pour toutes et tous), en mettant en œuvre une politique volontariste d’éducation permanente. Le Parti Socialiste doit porter ce projet de société. Il est inscrit dans ses gênes. Il doit le prendre à bras le corps. Mais il n’est pas possible de faire semblant, comme cela a été le cas en 2012, avec l’éphémère portefeuille de Valérie Fourneyron. Ou la fondre, comme cela a été souvent le cas, dans un ministère (au mieux) de la Jeunesse et des Sports, dépourvu d’ambitions éducatives et de moyens. Le futur ministre socialiste de l’Éducation populaire pourra avantageusement s’appuyer sur un document indispensable, véritable boîte à outils prêts à l’emploi, qu’est l’avis du CESE sur le sujet - « L’Éducation populaire, une exigence du XXIe siècle » . Ce document, qui est le produit de longs débats et de compromis raisonnables, a été adopté à une quasi unanimité des membres de l’assemblée. Il est le fruit d’une vaste enquête de terrain et acte un certain nombre de préconisations, qui pourraient être mises en œuvre immédiatement. Un projet pour le Parti Socialiste Retrouver le peuple ? Allons, soyons honnête : retrouver l’électorat populaire est plus approprié. Un électorat populaire, c’est-à-dire les ouvrières et ouvriers, les employées et employés, les sans-emploi aussi, trahis pendant trois ans (2014-2017), par trois gouvernements successifs prétendument socialistes. Socialistes, mais pas de gauche. Quelle femme de gauche, quel homme de gauche, soutiendrait les textes qui ont été adoptés durant cette période ? Loi Macron, Circulaire Rebsamen (contrôle renforcé des demandeurs d’emploi), CICE (cadeaux supplémentaires aux entreprises), Loi El Khomri (attaque frontale contre les syndicats, et soutenue par Les Républicains)… Le Parti Socialiste retrouvera le peuple s’il démontre, une fois au pouvoir, qu’il porte réellement un projet de gauche. En attendant, il doit retrouver ses électeurs, en les convaincant qu’il ne les trahira pas une fois de plus. Pour convaincre, il faut maintenant s’y prendre différemment. Les belles intentions, les beaux discours ne suffisent plus. Si c’était le cas, on aurait évité les gifles de 2017 et 2022. Il faut faire de la politique autrement. Mais autrement comment ? Cette petite phrase, elle est dite et rabâchée depuis des années. Et pourtant rien n’a bougé. Le Parti Socialiste est le parti du peuple. De tout le peuple, pour l’égalité, la justice et le progrès social. Nous avons les contenus. Nous ne partons pas de rien. Mais pour convaincre, il faut débattre, échanger. Aller à la rencontre de celles et ceux qui composent ce peuple, et en particulier celles et ceux de nos concitoyens qui souffrent le plus des politiques libérales portées par le pouvoir actuel. Celles et ceux parmi nos concitoyens, qui sont les plus grandes victimes des inégalités, des injustices organisées par les gouvernements depuis maintenant trop longtemps. Celles et ceux de nos concitoyens qui ne croient plus en l’action politique pour les aider, et qui se tournent vers l’abstention ou le vote d’extrême droite. C’est là qu’intervient l’éducation populaire. Pas en tant que concept, mais en tant que méthode. En tant que boîte à outils. Retrouvons le chemin de la rue, des quartiers, des cités. Organisons des rencontres, des réunions publiques. Créons des agoras. Pour cela, appuyons-nous sur nos militants et nos sympathisants. Entraînons avec nous des experts, des syndicalistes. Confrontons-nous à l’expression populaire. Nous devons prendre l’initiative d’accompagner des groupes à travailler collectivement des sujets, à analyser et à élaborer collectivement. Notre objectif doit être d’accompagner la réflexion collective, à partir de la réalité des situations vécues, pour retourner à la réalité du passage à l’action. Dans cette démarche, nous y gagnerons en crédibilité et, en revivifiant la démocratie, nous entraînerons un vote d’adhésion. Retrouver le peuple passera obligatoirement par la revalorisation de sa parole. Il s’agit là d’un enjeu essentiel pour le Parti Socialiste. Mais c’est aussi un défi qui doit être relevé dans la perspective d’un sursaut pour notre démocratie. En ce sens, nous n’avons pas d’autre choix que de nous appuyer sur l’éducation populaire. Ne pas le faire nous enfoncerait un peu plus dans l’impasse où nous sommes engagés.

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