Lorsque l’Europe a commencé à s’organiser en 1951 au sein de la C.E.C.A. (communauté européenne du charbon et de l’acier) le Français était la langue officielle dans 3 pays sur 6… Soixante dix ans plus tard la présidente de la commission européenne Ursula Van Leyen décide seule de promouvoir l’Anglais langue unique de travail de cette commission. Paradoxe au moment où le Royaume Uni a quitté l’Europe et où l’Anglais n’est plus la première langue officielle d’aucun état membre. Si l’Union Européenne compte actuellement 24 langues officielles, trois étaient jusqu’à présent utilisées comme langue de travail au sein des institutions européennes (Anglais, Français et Allemand). Cette diversité doit rester et même s’étendre car le multilinguisme renforce l’appartenance à l’union. Hélas, le président Macron participe activement à l’hégémonie linguistique de l’Anglais qui n’est pas sans arrière-pensée ni sans conséquence économique. Il a d’ailleurs été distingué fin 2022 du prix de la « carpette anglaise » décerné par l’académie du même nom pour dénoncer ce renoncement. Cet ancien banquier se révèle un destructeur de ce premier service publique qui est la langue, la diversité linguistique, au profit du parler de Wall Street, celui des affaires, alors que son devoir de président est de défendre l’exception culturelle française partout dans le monde, en commençant par son expression orale. Promoteur de la « start-up nation », vantant publiquement une démocratie « bottom up », exemple même d’anglicisme mal maitrisé dont il est coutumier, Macron est le cheval de Troie de l’impérialisme anglo-saxon et de ses intérêts particuliers. Quel est l’enjeu de l’usage du Français au-delà du symbole linguistique ? C’est non seulement l’influence politique de notre pays dans le monde qui s’en trouve affectée mais aussi les domaines économiques et culturels. Ce recul concerne notamment nos entreprises, nos universités, notre production scientifique, un certain art de vivre… C’est une remise en cause de l’exception culturelle française et du concept de francophonie qui compte plus de 300 millions de locuteurs, 5° place des langues parlées dans le monde et potentiellement la 1° à l’horizon 2050 ! Notons aussi que « La langue française est celle du délibéré de la Cour de justice de l’Union et l’une des deux langues utilisées lors des sessions de travail dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. En outre, le Français est l’une des deux langues officielles du Conseil de l’Europe et de l’OTAN. » Ce n’est pas rien. En bradant notre langue au profit de l’Anglais, c’est une référence unique, économique et libérale, de consommation effrénée que l’on accepte d’importer. Un modèle social à la Thatcher avec ses cortèges d’injustices et de mondialisation subie qui sacrifie des emplois et l’avenir des plus faibles. Aux antipodes de la société plus juste et fraternelle que nous voulons construire… Enfin, la diversité des langues est une richesse pour l’humanité en général et pour l’Europe en particulier. À l’opposé du « globish » que l’on veut nous imposer avec son corollaire : la MacDonalisation de la société, l’uniformisation des gouts. Cette diversité linguistique est d’ailleurs inscrite dans l’article 22 de la charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne : « L'Union respecte la diversité culturelle, religieuse et linguistique. » Cela doit rester une réalité. Il semble qu’aujourd’hui la langue française soit « la dernière survivante du multilinguisme au sein des institutions européennes ». Or ce multilinguisme est indispensable et précieux car c’est un lien entre les élites et les peuples européens, il renforce le sentiment d’appartenance à l’union et limite l’inégalité linguistique. Alors, de même qu’en France l’usage des diverses langues locales doit perdurer car elles sont le reflet d’identités immémoriales, l’usage du Français au sein des instances internationales et européennes en particulier est un combat que nous devons livrer et gagner pour une certaine image de l’Europe et l’intérêt de ses habitants.