Contribution Fédérale PS Rhône Pour un média public européen et soutien des salariés d'Euronews

Cette contribution repose sur la réunion publique “Citoyens européens, citoyens informés : le rôle des médias pour une démocratie européenne vivante” du Jeudi 15 Juin qui a été organisée à la fédération du Rhône. Le comité de pilotage fédéral Rhône a choisi d’orienter la réunion sur la thématique médiatique pour un souci d’originalité et de la construction d’un réel espace public européen. En effet, si nous voulons rapprocher les politiques européennes de nos concitoyens alors il nous faut des médias qui s'approprient ces enjeux. Cette contribution fédérale répondra à cette problématique. Lors de cette réunion, nous avons voulu auditionner Alexis Caraco, délégué CGT d’Euronews pour mettre en lumière la grave crise sociale en cours dont est victime sa chaîne. Euronews est une chaîne d’information en continue en 12 langues, dont l’objectif inscrit dans son principe de fonctionnement est de faire émerger une identité européenne et de diffuser une information impartiale et de qualité destinée aux citoyens européens. Les fédéralistes européens français travaillent depuis des années sur la question d’un média européen et nous avons invité son Président François Leray à présenter leurs propositions sur le sujet. Enfin, nous remercions Chloé Ridel, membre du Comité de pilotage de la convention et porte-parole du Parti socialiste, d’avoir pris part à ce débat, en soulignant l’importance de cette thématique originale pour la construction d’une démocratie européenne vivante et dynamique. I/ La Place de l’Europe aujourd’hui dans les médias Nous sommes partis de la genèse d’Euronews. Cette chaîne d’information continue est crée en 1992 par un consortium de chaînes de télévision publiques issues de l’European Broadcast Unit (EBU) pour créer une alternative au monopole des images de CNN et l’angle américain pendant la Première Guerre du Golfe et créer un récit journalistique européen indépendant. Il a alors été lancé un appel d’offre pour choisir la ville d’accueil du siège de la réaction, en refusant les candidatures des capitales nationales pour éviter tout soupçon d'ingérence. Lyon remportera cet appel d’offre au vu de sa géographie et qualité de transport. La chaîne diffusée au départ en 5 langues (Français, Anglais, Allemands, Espagnols et Arabe), est aujourd’hui diffusée en 14 langues. Les premières images sont diffusées en 1993 du siège de la rédaction à Ecully. Entre 1993 et 2003, la chaîne est extrêmement regardée car elle est la seule chaîne d’ information étrangère continue du paysage audiovisuel français (PAF) de l’époque. La chute de l’audience est liée au création des chaînes d’informations étrangères continue nationales comme France 24 et le coût trop important de l’intégration de la chaîne sur la Télévision Numérique Terrestre (TNT) gratuite. Pour le financement de la chaîne, sous la volonté du Président Mitterrand, l’ancêtre de France Télévision investit dans Euronews. Le premier exercice financier est déficitaire. La chaîne doit ouvrir son capital aux capitaux privés. Ici, commence la recherche d’investisseurs prêts à mettre de l’argent dans une chaîne d’information continue déficitaire. Si pendant longtemps, la Commission Européenne a financé 50% du budget d’Euronews, la décision prise par Ursula Von Der Leyen, de mettre fin au financement européen, met gravement en péril la survie de la chaine. Aujourd’hui, Euronews subit un Plan Social d’Entreprise, comprenant la suppression de 250 CDI sur les 380 que compte la rédaction lyonnaise d’Euronews. Le Président de l’Union des Fédéralistes Européens Français François Leray nous indique qu’il y a seulement 3 % du temps d’antenne en France qui est consacré à la politique européenne. Cela questionne inévitablement la compréhension et l’appropriation par les citoyens français, des enjeux européens et des politiques mises en place. De tous les pays européens, les citoyens français sont les moins informés sur le plan de relance européen. Selon les travaux de la Fondation Jean Jaurès, seuls 48 % des Français pensent que les députés européens sont élus directement par les électeurs. Il est difficile de capter le temps d’attention des téléspectateurs sur la politique européenne car cet enjeu semble lointain pour les rédactions qui répondent à la loi de la proximité est un principe journalistique qui affirme que les informations ont plus ou moins d’importance selon la proximité (géographique, temporel, affectif et sociétal) du lecteur, auditeur et téléspectateur. Face à cet enjeu, l’Union Européenne doit devenir l’émetteur primaire d’information sans passer par un médium national. Autrement dit, elle doit produire et diffuser ses propres programmes et informations. Pour notre camarade Chloé Ridel, les citoyens français manquent de confiance dans les institutions européennes puisque la politique européenne est le champ réservé du Président de la République. Contrairement à d’autres démocraties européennes, comme l’Allemagne, le Parlement français ne vote et ne délibère pas sur les grands choix stratégiques à l’échelle européenne. Cet aspect conduit aussi à un éloignement de la politique européenne des médias nationaux. II/ Les solutions pour une démocratie européenne plus vivante ? Si de nombreux parlementaires de gauche au Parlement Européen, et notamment socialistes se sont emparés du dossier d’Euronews, Alexis Caraco nous alerte sur l’absence de soutien de la Commission européenne, qui refuse de revenir sur un financement public et considère la chaîne uniquement comme un acteur économique privé, et sans intégrer les conséquences d’un changement de ligne éditorial de la chaîne pour la qualité de l’information et du débat public en Europe. Il propose de convoquer un sommet européen pour créer un espace public européen mais regrette un manque de volonté politique. Enfin, Alexis Caraco rappelle qu’il est inscrit dans les Traités que les Institutions ont obligation de droit à l’information. De surcroît, dans les pays où la liberté de la presse est affaiblie ou attaquée, notamment en Europe, la présence d’un média européen constitue une véritable bouée de secours. François Leray nous a présenté la résolution de l’Union des Fédéralistes Européen, qui propose la création d’une logique d’affiliation des médias nationaux aux réseaux européens, avec un partage de contenus et une incitation fiscale. Ils souhaitent aussi la mise en place d’une logique de décrochage européen à Strasbourg ou Bruxelles d’une durée de 30 minutes en Eurovision. Par exemple, une fois par semaine France 3 pourrait mettre en place un décrochage au Parlement Européen en s’appuyant sur ses équipes locales. Chloé Ridel souligne l’enjeu d’améliorer la formation des journalistes aux questions européennes pour garantir un meilleur traitement du débat politique européen dans les médias français. Il faut aussi que nous défendions l’Europe comme une protection contre la concentration des médias et lutter contre toutes les entraves sur la liberté de la presse. La Commission Européenne a présenté le 16 Septembre l’Acte Européen sur la liberté des média, qui envisage de garantir des médias libres et pluralistes. L’objectif est de créer un comité européen pour les services de médias, regroupant toutes les institutions de régulations nationales comme l’ARCOM en France car la régulation va de pair avec le renforcement de la démocratie dans l’Union Européenne. Chloé Ridel s’interroge sur la place qu’on doit également donner aux nouveaux médias que sont les réseaux sociaux dans ce rôle d’information européenne. *** A l’issue de ces échanges, nous souhaitons que le projet des socialistes pour les élections européennes intègre l’enjeu d’une meilleure information des citoyens européens afin de faire vivre un débat européen éclairé. Nous soutenons la création d’un média audiovisuel public européen, ou au minimum une logique de décrochage et de retransmission depuis le Parlement Européen de Strasbourg, pour informer les citoyens français de l’actualité parlementaire européenne. Nous souhaitons aussi un renforcement de la formation des journalistes sur les questions européennes. Aux côtés des députés européens socialistes mobilisés sur cette question, nous demandons à la Commission Européenne de s’emparer enfin du dossier d’Euronews, pour garantir son avenir de manière durable et indépendante. Nous pensons que l’école a un rôle majeur à jouer pour éveiller la conscience européenne dès le plus jeune âge et permettre aux futurs citoyens de décrypter le fonctionnement de l’Union Européenne et de ses institutions démocratiques. Aujourd’hui, nous regrettons que de nombreux enfants n’aient pas accès au cours de leur scolarité à un voyage pédagogique dédié à la découverte de l’Union Européenne. Nous souhaitons qu’une formation dédiée à la citoyenneté européenne soit rendue obligatoire au lycée, quel que soit le cursus choisi. Nous considérons que l’accès au débat européen et à ses enjeux doit demander de s'incarner sur l’ensemble des supports d’information et qu’un travail particulier doit être impulsé au sein des institutions européennes pour proposer une information claire, pédagogique et facile d’accès, notamment via les réseaux sociaux. Enfin, au-delà de l’actualité et de l’information, nous considérons que c’est la culture européenne, notamment via la création cinématographique, audiovisuelle, numérique, qui doit se diffuser plus largement, se partager entre pays membres, se co-produire, afin de renforcer nos imaginaires partagés, notre sentiment d’appartenance et la prise de conscience d’un avenir commun. Telle est notre vision d’une démocratie européenne vivante.

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